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UCG : Soutenance de la thèse de doctorat d’Ir Mbusa Kamavu Yves sur les performances de quelques clones de manioc au Nord-Kivu

Le mardi 15 avril 2025, Ir Mbusa Kamavu Yves, Chef des travaux à l’Université Officielle de Semuliki (UOS/Beni), a soutenu publiquement sa thèse de doctorat en Sciences Agronomiques, option Phytotechnie. La soutenance s’est tenue dans la salle S1 de l’Institut Technique Agricole et Vétérinaire (ITAV) de Butembo, à partir de 13h00, en présence d’un jury composé de sept éminents Professeurs, dont trois en visioconférence. L’événement a attiré un large public, confirmant l’intérêt suscité par la thèse intitulée : « Performances des clones de manioc (Manihot esculenta Crantz) dans les zones agro-écologiques du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo. »

 

Sous la direction du Professeur Ordinaire Kambale Valimunzigha Charles, Ir Mbusa Kamavu Yves a présenté une étude visant à améliorer la sécurité alimentaire en milieu rural. Partant du constat d’une pauvreté extrême, d’une faible production agricole et d’un revenu limité, il a choisi d’expérimenter nouveaux matériels de production du manioc, une culture stratégique dans la région.

Les raisons de ce choix sont multiples :

– Le manioc occupe la première place dans le régime alimentaire au Nord-Kivu.

– C’est une culture adaptée aux conditions agro-écologiques locales.

– Elle offre un rendement élevé, pouvant atteindre 40 tonnes de racines par hectare.

– Elle se conserve bien sur le sol, facilitant la gestion des récoltes.

 

Les résultats de cette étude pourraient constituer une avancée significative dans la lutte contre l’insécurité alimentaire dans la région, en proposant des solutions adaptées aux réalités locales.

 

Cependant, la culture du manioc fait face à plusieurs défis majeurs. Parmi ceux-ci, on note le partage non contrôlé du matériel végétal, la propagation des maladies telles que la mosaïque et la striure brune, ainsi que la dégénérescence variétale. Ces contraintes contribuent toutes à une baisse significative de la production.

 

Face à cette situation, il se manifeste un besoin urgent en variétés résistantes, performantes et répondant aux attentes des consommateurs en termes de qualités nutritionnelles et organoleptiques.

 

Pour mener à bien cette recherche approfondie, le chercheur s’est posé trois grandes questions :

 

  1. Rendement en racines : Existe-t-il des clones aussi performants, voire plus, que ceux considérés comme satisfaisants et habituellement cultivés (témoins) dans les zones agro écologiques où ils sont testés ?
  2. Qualité nutritionnelle : Les teneurs en matière sèche, en amidon et en cyanure dans les racines des clones testés varient-elles selon les zones écologiques ? Et sont-elles compatibles avec celles observées chez les clones témoins ?
  3. Acceptabilité des produits dérivés : En termes de couleur et d’élasticité des foufous produits à base des farines issues des clones testés, certains clones sont-ils appréciés par les consommateurs ?

 

Résultats et recommandations issues de la thèse

 

Après trois années d’expérimentation et d’analyses rigoureuses des données, il s’est avéré que trois clones de manioc – Mayombe, Kas1 et Kas3 – se sont démarqués par leur performance, avec des rendements supérieurs à 20 tonnes par hectare.

 

Cependant, le chercheur souligne qu’il serait prématuré de déclasser les clones dits « moins performants », car plusieurs d’entre eux affichent tout de même un rendement supérieur à la moyenne nationale estimée à 8,1 t/ha en RDC. Pour ces clones, il préconise un rééquilibrage de la nutrition du sol – notamment par des essais de fertilisation – comme stratégie d’optimisation du rendement.

 

Outre le rendement, le chercheur a procédé à l’analyse de plusieurs autres paramètres importants, dont la teneur en matières sèches, en amidon et en acide cyanhydrique (HCN), ainsi que les qualités organoleptiques du foufou. Ces éléments ont été valorisés en termes  publication d’articles scientifiques issus de cette thèse.

Principales recommandations

  1. Amélioration durable : Les efforts d’amélioration du manioc ne devraient plus se limiter à la mise en place de variétés à haut rendement. Il est essentiel que ces variétés conservent leur potentiel productif dans le temps, à travers différents milieux écologiques, et qu’elles s’intègrent harmonieusement dans les systèmes de production locaux.
  2. Essais de fertilisation : Bien que tous les essais aient été réalisés sur des sols sans apport d’engrais, des expérimentations futures devraient explorer l’impact de la fertilisation sur les nouveaux clones. Cela permettrait de déterminer si les clones initialement moins productifs peuvent atteindre, voire dépasser, les 20 t/ha.
  3. Valorisation intégrée du manioc : Une étude plus exhaustive devrait inclure toutes les formes de produits dérivés du manioc : sombé (légume-feuille), manioc cuit frais, et autres produits transformés. Il serait pertinent d’étudier, par exemple, l’effet de la récolte des feuilles sur le rendement en racines.
  4. Sécurité alimentaire et transformation : Il est impératif de promouvoir la consommation de farines de manioc issues du traitement par voie humide. Ce procédé réduit considérablement le taux de HCN (toxique), car celui-ci est soluble, volatil, et s’élimine facilement lors de la cuisson. À 28°C, presque tout le HCN est évaporé, garantissant ainsi un foufou plus sûr pour la santé des consommateurs.

Un brillant travail salué par le jury et le public

 

La brillante présentation d’Ir Mbusa Kamavu Yves a été suivie d’un échange enrichissant avec les membres du jury, composé de :

 

– Prof. Paluku Mutiviti Gilbert, Professeur Ordinaire à l’Université Catholique du Graben (UCG), Président du jury ;

– Dr Kambale Kathavo Symphorien, Professeur à l’UCG, Secrétaire-rapporteur ;

– Dr Litucha Bokolola Joseph, Professeur Ordinaire à l’Institut Facultaire des Sciences Agronomiques de Yangambi, Membre ;

– Dr Mafikiri Tsongo Angélus, Professeur Ordinaire à l’UCG, Membre ;

– Dr Kambale Valimunzigha Charles, Professeur Ordinaire à l’UCG, Promoteur ;

– Dr Muhindo Sahani, Professeur Ordinaire à l’UCG, Membre ;

– Dr Vikanza Katembo Paul, Professeur à l’UCG, Membre.

Après avoir attentivement écouté les réponses de l’impétrant, les membres du jury se sont retirés pour délibérer. À l’issue de cette délibération, Ir Mbusa Kamavu Yves a obtenu la mention Grande Distinction, sous les applaudissements nourris de l’assistance et de sa famille, présente pour partager ce moment inoubliable.

La cérémonie s’est clôturée dans une ambiance conviviale, autour d’un repas festif en l’honneur du nouveau docteur.

 

Hervé Mukulu

 

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