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Thèse : Logiques d’actions et réactions locales dans la lutte contre le dixième épisode de la Maladie à virus Ebola

Thèse : Logiques d’actions et réactions locales dans la lutte contre le dixième épisode de la Maladie à virus Ebola
Logiques d’actions et réactions locales dans la lutte contre le dixième épisode de la Maladie à virus Ebola est la thèse défendue par Muhindo Kivikyavo Isaac, Docteur à thèse en sciences politiques et sociales de l’Université de Liège. Chef de Travaux et enseignant à l’Université Catholique du Graben/Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives.
Comme problème, il est parti du fait que le dixième épisode de la Maladie à Virus Ebola (MVE) a relativement trainé, environ deux ans, en dépit de la disponibilité des vaccins et des molécules de traitement déjà au point, de l’expérience tirée des précédents épisodes et de la mobilisation internationale et nationale en termes des ressources financières et humaines. Mais alors qu’est-ce qui a manqué ? Quels sont les déterminants des logiques d’actions et des réactions locales dans la lutte contre le 10ème épisode de la MVE en République Démocratique du Congo ? Quelles sont les logiques d’actions et les réactions locales vis-à-vis de la MVE, de la gouvernance et de la résilience dans la lutte contre le 10ème épisode de la MVE en RDC ?
A ces questions, il a émis comme hypothèse :
Les déterminants des logiques d’actions et des réactions locales seraient la méconnaissance de la région de Beni-Butembo par les organisateurs de la riposte et la méconnaissance de la maladie par les populations locales
Les logiques d’actions seraient la maîtrise rapide de la maladie et la sécurisation des équipes de la riposte
Les réactions locales seraient le discours suspicieux et le doute sur l’existence de la MVE
Pour vérifier cela, des enquêtes ont été menées sur terrain auprès de la notabilité locale, des agents directs de la riposte, de la population, des soignants et des vainqueurs d’Ebola dans la région de Beni-Butembo (Beni ville et Butembo, Beni territoire et Lubero).
Pour y arriver, les entretiens, le questionnaire, la méthode ECRIS, la technique documentaire, la méthode boule de neige et l’observation ont été utilisés. L’analyse de contenu thématique, la triangulation, l’analyse actancielle et le chi-deux ont été utilisés pour analyser les données.
Ainsi, l’objectif est de modéliser les populations locales sur la MVE, la gouvernance de la riposte et la résilience afin de proposer des éléments pouvant rendre efficace la politique publique de lutte contre les épidémies de type Ebola.
Les résultats sont tels que les modes d’actions analysés sont : la caravane des véhicules, la militarisation de la riposte, l’installation des services en dehors des installations sanitaires, l’importation des vivres, l’installation des tentes dans les quartiers et la recherche des malades dans leurs ménages
Hypothèses nuancées (moitié confirmées et moitié infirmées). Car tous les modes opératoires n’ont pas été rejetés par les populations locales. Donc même si les organisateurs de la riposte ne connaissaient pas la région de Beni-Butembo, tout ce qu’ils ont proposé n’a pas été refusé.
Le fait pour les organisateurs de la riposte de n’avoir pas tenu compte de la perception locale de certaines conceptions locales, comme la valeur accordée à l’argent, le profil bas qui caractérise la population locale dans la gestion des richesses, n’a pas facilité le travail de la riposte qui était caractérisé par l’exhibitionnisme, le gaspillage. Au début, la logique des organisateurs de la riposte n’a pas tenu de l’opinion locale. Mais pendant que la riposte se poursuivait, les organisateurs et les bénéficiaires ont tous arrondi les angles jusqu’à adapter, revoir certains modes opératoires afin de faire changer, évoluer l’opinion locale. Ceci a été le résultat d’un échange des intérêts (travail, l’argent), d’assouplissement des règles institutionnelles instituées et de la prise en compte des croyances locales exprimées à travers un discours rumoral développé par la population locale allant dans le sens de la diabolisation de la riposte et de son travail.
Enfin, localement, il a été attribué à la MVE une compréhension autre que celle médicale ; une compréhension situationnelle, relative au contexte d’insécurité, de massacre, de précarité économique, etc.
Cette recherche a parmi d’avoir comme leçons apprises :
Une minorité, même lorsqu’elle est insignifiante, peut faire échouer toute une politique publique si sa capacité de nuisance, à partager les rumeurs, est élevée.
Les leaders communautaires ont fait une sorte de monnayage de leurs services à la communauté.
La militarisation de la riposte et l’importation des vivres ont envenimé la situation. Ce faisant, une sécurisation populaire ou civile, le soft power et le « manger » local doivent être privilégiés dans la lutte contre les épidémies.
Les CTE n’ont pas été que des mouroirs, ils ont été des vivifiants, les soignants étaient animés par le souci de sauver des vies humaines en dépit de la dangerosité de la maladie et du nombre de morts enregistré.
Les acteurs mobilisés pour riposter contre les épidémies de type Ebola devraient privilégier ce que nous avons appelé « paroissialisation des tâches exécutives », car injecter un malade à Beni ne nécessite pas d’être fait par un français ou un belge ; ou sensibiliser pour l’adhésion communautaire ne nécessite pas que cela soit fait par les étrangers. Tout en étant d’accord avec les interactions entre sphères supranationales, nationales et locales, la fonction exécutive devrait rester de l’apanage des locaux.
Etc.
Cette thèse a été défendue lundi 13 Mai 2024 au campus du Sart-Tilman de l’Université de Liège. Était présent, le professeur Ordinaire, Mafikiri Tsongo Angélus, recteur de l’Université Catholique du Graben.

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